Le Patrimoine

Origine

L’histoire de Sixt démarre grâce à la famille de Faucigny.

Village en noir et blanc

Ses vastes territoires, incultes, sauvages et sans doute visités ponctuellement par quelques chasseurs furent donnés par Aymon 1er de Faucigny (dit le pieux) en 1130 à l’abbaye d’Abondance. Son frère Ponce, qui y effectuait son noviciat, fut tout naturellement envoyé à Sixt pour y jeter dés 1135 les fondements d’un monastère et élaborer ses statuts sous la règle de St Augustin.
En 1144 le monastère est érigé en Abbaye placée sous la protection de la Vierge, choix que confirmera en 1155 la Bulle d’Adrien IV conservée de nos jours dans le trésor de l’église. Ponce de Faucigny en sera le premier abbé crossé et mitré. L’abbaye se développe rapidement grâce à un troisième frère Arducius, Prince Évêque de Genève qui, en 1165 offre à l’abbaye la «paroisse de Samöens » (revenus confortables de la dîme), la cure du Mt Saxonnex, les granges de Fillinges, de Châtillon.

Abbaye en noir et blancAux cours des siècles, Guillaume, seigneur de Faucigny donne la juridiction en 1200 et fait venir des colons de race germanique qui se mêlèrent à ceux qui avaient spontanément suivi les religieux pour défricher les forêts et travailler « les minières ».
Trente trois Abbés vont se succéder à la tête de l’abbaye : vingt conventuels (originaires de grandes familles savoyardes) élus par les chanoines réunis en chapitre et, à la fin du XV siècle, les Abbés commendataires, la plupart appartenant à de grandes familles italiennes.

Rôle de François de Sales

abbaye
La deuxième moitié du XVI et première du XVII siècle va voir revenir l’avantage aux savoyards puisque pendant 3 générations (d’oncle à neveux) la famille de Mouxy va présider à la destinée de l’abbaye.
Époque troublée connaissant une certaine déchéance spirituelle et un délabrement matériel des bâtiments pour lesquels F. de Sales lors des ses nombreuses visites épiscopales va tenter de mettre de l’ordre : procès au Sénat de Savoie perdu par Jacques de Mouxy. Mourant, il promet à F. de Sales que la règle de St Augustin sera rétablie et les murs de l’abbaye et plus spécialement du réfectoire seront remis en état. F. de sales va réanimer le culte de Ponce de Faucigny et lui faire édifier un monument. Construction de nombreuses chapelles et oratoires par les habitants témoignages de la spiritualité collective.(Ponce deviendra Bienheureux en 1896, reconnaissance officielle de son culte).

Les chanoines et la population

L’ordre étant rétabli, la communauté – en plus de ses occupations spirituelles – assurera ses devoirs auprès de la population : aumônes 3 fois l’an, bénédiction des maisons, entretien des chemins et endiguement du Giffre, etc. Les chanoines sont mêlés à la vie pastorale (défense des intérêts des alpagistes quand il est nécessaire). Affranchissement de la population avant même les édits de 1762 et 1771. Les habitants de Sixt suivent les événements de 1789 avec intérêt : migrations saisonnières.

Fin de l’Abbaye

En 1793 les chanoines refusent de prêter serment à la constitution, ils s’exilent en Suisse, certains âgés vont se cacher chez l’habitant emportant quelques objets du culte sauvés ainsi du pillage des sans-culottes venus de Samöens avec à leur tête Pierre Milleret (notaire) qui achète l’abbaye et ses terres (vendues comme biens nationaux en 1794) pour les revendre aux habitants de Sixt un an plus tard.

Le rêve Minier

En 1809 l’abbaye est revendue en deux lots, Albanis Beaumont, naturaliste distingué, rachète la moitié des bâtiments pour y installer le siège de son administration : il a obtenu l’autorisation d’exploiter les mines de fer de Sixt. L’autre moitié est acquise par André Cochet qui y installe une auberge. A. Beaumont meurt prématurément, des pugilats importants entre miniers et communiers (alpagistes) sont les raisons de la cessation de toute activité minière en 1853.

L’Auberge

L’abbaye tourne alors en auberge et en relais de diligences. Les Anglais arrivent dans nos montagnes et, à Sixt, c’est Sir Alfred Wills qui va bouleverser les habitudes. Avocat à la cour de Londres, fondateur de l’Alpin club et amoureux inconditionnel de Sixt, il va en gravir les sommets avec Auguste Balmat (petit neveu de Jacques) son guide, construire un chalet au cirque des Fonts après bien des péripéties (étranger et de religion anglicane) et amener colonies d’anglais à Sixt.
L’auberge devient un hôtel de renommée internationale. Elle accueille les Princes d’Orléans, le Ministre Cavour, le Prince Napoléon, et en 1884 Guillaume II. Elle restera dans les mains de la Famille Rannaud de 1895 à nos jours. Sa destinée va sans doute redonner un nouveau souffle à Sixt, dans le cadre du projet Grand Site et du rachat de l’abbaye en l’an 2000 par le Conseil Général pour la transformer en lieu de vie associative et muséographique.